Tassili’n Ajjers, Sahara d’Algérie
Tadrart rouge
Novembre 2024, quelques images pour illustrer notre virée dans le sud-est de l’Algérie, au milieu du Sahara, en compagnie de Joëlle et Brieuc qui nous ont proposés de partager cette aventure. Le désert de la Tadrart dans le Parc du Tassili qui couvre près de 72 000 km2 est extraordinaire à bien des égards. La conjugaison des roches monumentales, des montagnes de granites et de grès, aux immenses dunes de sable rouges, orangés et noirs nous plonge dans un décor surréaliste. Les traces des civilisations néolithiques qu’elles soient imprimées dans les parois rocheuses, peintes dans les abris ou révélées par les artefacts archéologiques sont omniprésentes. Le Tassili est le site où l’on trouve le plus de peintures rupestres au monde, plus de 100 000 y sont déjà dénombrées.
Nous avons eu la chance d’être accueillis chez Aissa Mechar et sa famille à Djanet. Son grand-père Jebrine Ag Mohamed Mechar est le découvreur de l’art rupestre au Tassili N’Ajjer. Il a guidé pendant de nombreuses années, le préhistorien Henri Lhote dans ses recherches sur le Tassili.
Bien que ce secteur géographique reste classé en zone sensible, la réouverture du parc du Tassili au tourisme a été accompagnée de mesures importantes pour garantir la sécurité des visiteurs, notamment une présence renforcée des forces militaires et policières. Les randonnées dans le désert saharien sont possibles après accord des autorités locales, avec guide obligatoire et en restant sur les parcours surveillés par l’armée. Ces efforts permettent de redécouvrir ce site extraordinaire, vaste comme deux fois la région PACA, en toute sérénité.
Tu apprendras à connaître les plaines funèbres, les déserts absolument vides, les vastes étendues... Tu en viendras à ternir tes pupilles pour atténuer l’éclat du soleil. Le moindre creux à l’abri du vent et des regards te sera un refuge. Et tu te déplaceras sur tes jambes... Frank Herbert, Dune.
L'erg Admer et ses dunes immenses qui séparent le Tassili du Hoggar
Direction la Tadrart qui s'étend en partie sur l'Algérie et la Lybie. Le panneau est tombé, on ne sait pas pourquoi, mais on s'arrête pour le redresser le temps d'une photo. Puis on prend la route de gauche, on quitte le goudron et dorénavant ce sera la piste. Plus de réseau, on est au cœur du Sahara, "c'est l'Afrique mon ami" comme dirait Saïd. Par précaution, j'ai malgré tout emporté une balise GPS reliée aux satellites qui permet de communiquer sa position en cas de nécessité.
En route vers Djanet, le goudron disparaît parfois sous le sable et les galets chariés par les oueds
Premier campement aux portes du désert de la Tadrart. Déjà tu te laisses envouter par cet air si particulier, ce silence, cette immensité.
Il y a plus de 100 000 peintures dans le Tassili, c'est le plus grand musée à ciel ouvert de peintures rupestres au monde, chaque scène est unique et raconte les histoires qui se perdent dans la nuit des temps
Il y a plus de 100 000 peintures dans le Tassili, c'est le plus grand musée à ciel ouvert de peintures rupestres au monde, chaque scène est unique et raconte les histoires qui se perdent dans la nuit des temps
Sarah se penche sur les vestiges de cette humanité ancienne. Fragments de meules, pilons, molettes piquetées, céramiques décorées, coquilles d'oeuf d'autruche, outils lithiques en silex. On trouvera aussi une hache néolithique et un armature de flèche. Tous ces témoins d'une histoire oubliée dont les peintures racontent la vie, un peu plus loin, sur les parois des grottes.
Les premiers abris révèlent les peintures qui témoignent du quotidien des peuples qui vivaient ici au néolithique. Et nous avons droit à un incroyable bestiaire, où se mêlent animaux sauvage, faune domestiquée, humains, anciens alphabets et de nombreux signes et dessins dont on ne peut qu'imaginer une signification. Est-on seulement capable de comprendre des modes de pensées, des rapports à la terre, au vivant, qui sont à des lieux de nos grilles de lecture modernes.
en réalité, il y a plus d'étoiles dans l'univers que de grains de sables et quand on voit les dimensions de ces hautes dunes cela fait tourner la tête...
Le soir c'est le rituel du feu, du thé, des histoires, des mythes...
La préparation d'un bon thé se fait par de long échanges de liquide entre la théière et une tasse dans le but de créer une mousse. Cette dernière n'est pas avalée mais sert protéger le thé du sable dans la partie haute du verre, comme un bouchon perméable. Tout un art...
Tadrart rouge, les citadelles de granit entourées de sable
La beauté de la Tadrart dans le couchant. Des citadelles de pierre semblent émerger du sable, comme des vestiges d’un monde ancien. Située dans le parc du Tassili au sud-est de l'Algérie, surnommé le "plus grand musée d'art préhistorique du monde", cette immense étendue abrite des merveilles naturelles et artistiques qui témoignent de la présence de civilisations anciennes dans le désert de l'Algérie.
Sous un ciel dont les étoiles sont aussi nombreuses que les grains de sable des dunes qui nous entourent. Pas de pollution lumineuse, on redécouvre la beauté des ciels nocturnes.
Dans les couloirs de pierre où s’engouffre le vent se cachent les peintures des ancêtres touaregs
Non ce n'est pas une photo truquée, une sorte de dessin généré par l'IA, c'est comme ça !
Le rituel du repas commence par l'installation en un lieu propice et souvent l'épluchage de légumes
Cuisine équipée façon désert
Nos amis guides touaregs, un petit air de visuel d'album de Tinariwen cette photo non ?
Comme le souligne Brieuc, la musique de ce groupe touareg nous berce les secousses du 4x4 sur le reg saharien. La clé USB branchée sur l'autoradio poussiéreux du Toyota n'est pas d'une grosse capacité alors les chansons tournent en boucle. De quoi les connaitre par coeur.
https://www.youtube.com/watch?v=vACZA9dGvV4
Comme le souligne Brieuc, la musique de ce groupe touareg nous berce les secousses du 4x4 sur le reg saharien. La clé USB branchée sur l'autoradio poussiéreux du Toyota n'est pas d'une grosse capacité alors les chansons tournent en boucle. De quoi les connaitre par coeur.
https://www.youtube.com/watch?v=vACZA9dGvV4
Un matin, Joelle et Brieuc attirent notre attention sur les traces caractéristiques d'une visiteuse nocturne qui s'est promenée non loin du camp. Du genre Cerastes, vipère des sables probablement dont il faut absolument éviter la morsure et qui a la fâcheuse tendance de ne laisser apparaitre que ses yeux quasi invisibles à la surface du sable.
Une guelta, un point d'eau improbable au milieu des roches labyrinthiques. Il n'y a pas que les humains qui convergent vers ce centre vital. Toute une faune y gravite autour également. Mohamed le cuisinier rempli le bidon qui servira pour la cuisine.
Entre grès patinés par le soleil brulant, au point de devenir presque noirs, les hautes dunes se dressent.
Les paysages se transforment au fil du lent mouvement des dunes. Certaines atteignent 200 à 300 m de haut dans la Tadrart.
Repas sous la lune, d'une telle clarté dans le Sahara que les frontales en deviennent presque inutiles
Et puis le soleil se couche à nouveau, difficile de se lasser de ce spectacle toujours renouvelé.
Les massifs de grès ou de granit émergent des sables, comme des citadelles oubliées.
Lever de soleil dans le désert de Timras
Tadrart rouge, les étendues infinies où le couchant est une expérience de l'ordre du mystique.
La beauté du désert n’est pas nue, mais faite de dunes, d’architectures de grès, du mouvement des ombres, des lumières. J’aperçois un horizon qui s’éloigne à chaque pas dans l’ondulation de la chaleur - Théodore Monod
Abdel se pose un instant au pied de quelques acacias adaptés à la rudesse des lieux, et équipés d'épines de plusieurs centimètres de long qui ne font pas peur aux dromadaires ! On profite de la sérénité du lieu.
Il est des heures à part, des instants très mystérieusement privilégiés, où certaines contrées nous révèlent, en une intuition subite, leur âme, en quelque sorte leur essence propre, où nous en concevons une vision juste, unique et que des mois d’étude patiente ne sauraient plus ni compléter, ni même modifier.
- Au pays des Sables, Isabelle Eberhardt